
Quand la FIA (Fédération Internationale Automobile) changea radicalement les règlements pour voitures de sport à la fin de 1967, la flotte entière de Sport-Prototypes Ferrari était devenue inutilisable. Dans une tentative de monter à nouveau au sommet de la Formule 1, Ferrari décidait d'abandonner les voiture de sport et de se concentrer complètement sur la monoplace pour au moins un an. Les résultats décevants de la Formule 1 durant la saison 1968 virent le retour de la Scuderia aux prototypes, avec un an de retard en termes de développement.
Conformément aux nouveaux règlements, deux types de voitures pouvaient être engagés : les prototypes de 3 litres ou les voitures de sport de 5 litres qui devaient être produites à 25 exemplaires au moins pour être homologuées. Ferrari ayant déjà l'expérience de la Formule 1 avec des moteurs de 3 litres, personne ne fut surpris lorsqu'ils annoncèrent leur retour en Sport-Prototype avec un nouveau prototype de 3 litres, le 312 P, qui fut dévoilé. Après seulement une moitié de saison il fut abandonné car le team se concentrait sur la construction d'une voiture de 5 litres, la 512 S, qui devait être lancée contre la Porsche 917 vue au Mans pour la première fois en 1969.
Un an après les 917, la Ferrari 512 S faisait ses débuts. Elle réalisait immédiatement des tours rapides mais, avec un an de retard dans son développement par rapport aux 917, elle était battue en fiabilité. Pour la deuxième fois en deux ans Ferrari arrêtait le programme de développement du travail en cours et débutait une nouvelle fois l'étude d'une nouvelle voiture. Avec la plupart des 512s vendue à des privés, il était le temps de produire un autre prototype de trois litres. Ce serait basé sur le tout nouveau 180 degrés V12 le moteur, qui avait fait ses débuts dans la 312 B de Formule 1 en 1970. Ce moteur, conçu par Mauro Forghieri, allait devenir un des moteurs les plus couronnés de succès des années 1970.
Extérieurement semblable à un moteur boxer, le Forghieri était un moteur en V à plat. La différence entre un boxer et le moteur en V à plat c'est la forme du vilebrequin et l'ordre d'allumage; dans le moteur boxer, les pistons opposés se déplacent les uns vers les autres tandis que les pistons d'un moteur en V se déplacent à l'unisson. Le grand avantage, par rapport au moteur V12 à 60 degrés utilisé dans la 312P précédente, était la faible hauteur du moteur à 180 degrés. Cela permit de diminuer la hauteur totale de la voiture et d'abaisser le centre de gravité, offrant ainsi une meilleure tenue de route.

Bien que techniquement ce ne soit pas un moteur boxer, on donna souvent aux voitures propulsées par le V12 de Forghieri l'abréviation "B". Tel, cependant, n'était pas le cas de la 312 P de 1971, mais on l'appelle généralement 312 PB, ce qui permet de la distinguer de la 312 P de 1969. Comme son homologue en Formule 1, la 312 PB se composait d'une semi-monocoque en aluminium. Le moteur et la suspension arrière étaient fixés sur un berceau d'acier qui tait boulonné à la coque en aluminium. La 312 PB était essentiellement une Formule 1 avec une carrosserie large couvrant les roues.
Une des raisons principales cachées derrière le projet 312 PB était la décision de la FIA d'abandonner la catégorie pour voitures de sport de 5 litres et de permettre uniquement aux prototypes de 3 litres de courir dans le Championnat du Monde de voitures de sport à partir de 1972. La saison 1971 pourrait être utilisée comme une année d'apprentissage, qui signifiait que Ferrari ne serait plus cette fois en retard d'un an. La "PB" fit ses débuts en course lors des 1000 km de Brands Hatch en avril 1971 et montra immédiatement son potentiel en terminant 2ème derrière une Alfa Roméo Tipo 33/3. Durant le reste de la saison, aucun résultat remarquable ne fut réalisé par la "PB".

Durant l'hiver, la "PB" était à nouveau modifiée. Les performances du moteur furent améliorées ce qui permit de passer de 450 à 460 ch. Différentes carrosseries furent également testées, avec une attention particulière pour l'aérodynamique arrière. Pour la saison 1972, les meilleurs pilotes - (Jacky Ickx, Brian Redman, Arthuro Merzario, Tim Schenken, Mario Andretti et Ronny Peterson) - étaient engagés pour s'assurer que Ferrari remporterait le championnat des constructeurs.
La première manche du championnat était les 1000 km de Buenos Aires où la "PB" s'imposait pour la première fois, aux mains de Schenken et Peterson, dans une épreuve du Championnat de Monde. Toutes les autres courses du championnat de la saison furent, par la suite, remportées, à l'exception des 24 Heures du Mans. Aucune "PB" ne fut engagée au Mans, car le team la considérait comme une voiture pour 1000 km et pas comme une voiture d'endurance de 24 heure. La Scuderia ne vit aucun besoin d'y entrer, craignant qu'elle ne tienne pas la distance. Seules, huit des dix courses comptaient pour le championnat et donc l'absence au Mans n'affecta pas leur classement. Ferrari gagnait franchement avec 160 points, Alfa Roméo, second avec 85 points, était distancée.

En 1973, Ferrari construisait une version dont l'empattement était 12 cm plus long que celui de la "PB". Il montait également un nouveau moteur revu, qui développait maintenant 475 ch. Malheureusement pour Ferrari, la fiabilité record de 1972 était rarement présente en 1973. La "PB" brilla une seule fois, aux 1000 km de Monza en avril. Une voiture termina au Mans, mais à une seconde place, distancée par la Matra pilotée par Pescarolo/Hill. Dans le championnat, la Scuderia fut également battue par Matra de 9 points. Ferrari se retira définitivement des courses pour voitures de sport après la saison 1973, faisant de la 312 PB le chapitre final dans l'histoire des voitures de sport victorieuses de Ferrari.

FICHE TECHNIQUE
Engine
Central longitudinal
Type 623/001 180º V12
Distribution : 4 soupapes par cylindre, double arbre à cames en tête
Cylindrée : 2.991 litres / 182.5 cm³
Alimentation : Injectio Lucas
Puissance : 460 ch/343.2 kW à 10800 t/min
Châssis/carrosserie
Monoplace avec châssis à armature tubulaire et carrosserie en aluminium
Transmission : Aux roues arrière boîte longitudinale à 5 vitesses + MA ; différentiel auto-bloquant
Poids : 665 kg
Exemplaires construits: 12
Vos commentaires
Ferrari 312 PB
Ecrit par John (07-03-2005 Ã 22:56)
Excellent article for one of my favorite cars of all time...1972-1973 Ferrari 312 PB!